Louna observa le vieil homme quelques instants : la tête baissée, faisant de petits pas, il semblait chercher quelque chose par terre et grommelait des paroles incompréhensibles « Malheur !...C’est une catastrophe….Si je ne le retrouve pas, ….. ». Elle s’approcha davantage de lui et l’interpella : « Bonsoir ».

Aussitôt, le vieil homme se redressa et se mit à hurler : « Partez d’ici, allez vous-en, vite où le malheur s’abattra sur vous aussi ! ».

D’abord surprise par ce premier contact, elle lui répondit :

« Je sais bien que le Vésuve se réveille, je les connais bien les volcans, je suis scientifique,  une spécialiste en cratère en tout genres, pour l’instant, il n’y a pas de risque ! »

- « Pauvre inconsciente,…. le volcan ne gronde pas pour rien, ….il se passe des choses terribles ici, ….fuyez ! »

- Mais de quoi parlez-vous ?

- Je ne peux rien vous dire mais je vous conseille de partir d’ici au plus vite ! Quittez le Vésuve, quittez Naples ! Adieu jeune fille ! »

Louna se douta que le vieillard voulait lui cacher des choses mystérieuses. Son esprit curieux et son goût pour l’aventure lui ordonnèrent de comprendre ce qui se passait sur les flancs de ce volcan. « Si vous cherchez des traces de pas, pointure 245, elles sont par là ! » lui lança t’elle avec un sourire.

A ces mots, le vieillard se redressa d’un coup et fixa longuement Louna, droit dans les yeux. Son regard montrait de l’inquiétude mais sa voix s’était calmée.

- Ah,….. vous les avez vues ?

- Oui, deux traces de pieds, énormes, pointées vers la ville de Naples.

- Non, par vers notre belle cité, …mais vers la mer. Il a plongé….libéré…

- Mais de quoi parlez vous ?

Le vieillard hésita un instant puis il se mit à raconter toute l’histoire. Il était le dernier gardien du Vésuve, un gardien fatigué qui avait passé sa vie à guetter le moindre signe de réveil du volcan. Pas pour les risques d’explosion ou d’éruption, il y avait des machines, des ordinateurs pour ça, qui surveillaient le volcan 24H sur 24. Lui, son travail était bien plus compliqué : il devait s’assurer que « Il Maestro » restait bien prisonnier du Vésuve.

- « Il Maestro », qu’est-ce que c’est ?

- C’est un géant, une créature de lave qui vit dans les entrailles de la terre depuis des millénaires. Les anciens racontaient qu’il a toujours essayé de sortir… La dernière fois, c’était en l’an 79.

- Pompéi ? La ville ensevelie sous les cendres du Vésuve pendant l’Antiquité ? C’était lui ?

- Oui…c’est à cause de lui, en essayant de le recapturer ! Une ville rayée de la carte…

- Mais…Où est il maintenant ? Qu’est-ce qu’on va faire ? Il faut prévenir la police ! L’armée !

- Inutile ! Il Maestro est bien trop puissant…Il n’y a qu’un seul moyen pour le ramener dans les gouffres du Vésuve : un morceau de tissu fabriqué par les premiers peuples d’Italie. Une étoffe magique qui l’oblige à revenir quand on l’approche de la lave en fusion….. Mais je l’ai perdue…je suis si vieux, si fatigué… »

Louna glissa sa main dans la poche de sa veste, elle sentit le tissu rugueux sous ses doigts. Elle hésita un instant, mais une scientifique comme elle, habituée aux explications logiques ne pouvait que se poser des questions sur cette créature fantastique. Elle préféra ne rien dire au vieillard…