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chapitre 1 : Bad Poker in New York

chapitre 1 : Bad poker in New York.

 Nous sommes dans un quartier chic de New York, les lumières sont allumées, il est tard, dans une heure il fera nuit. Julien ramasse un de ses derniers billets tombés dans une flaque d’eau. Il se rend dans un bar louche pour prendre sa revanche dans une partie de poker. Il traîne les pieds, son parapluie cassé ne le protège pas de la pluie qui détrempe son jean noir, son pull noir et ses chaussures déjà bien abîmées. Ce soir-là, il perd plusieurs parties consécutives. Le bluff ne marche pas. Il mise et mise encore, le jeu dure plusieurs heures, jusqu’à ce qu’il n’ait plus rien. La partie terminée, il ne rentre pas chez lui. Son appartement, son argent et tout le reste, il a tout perdu ! Il est ruiné ! Il ne lui reste plus que ses vêtements trempés. Julien dort dehors, sous la pluie. Le vieil escalier tout rouillé sous lequel il s’est réfugié ne l’abrite guère. L’espèce de couverture sale et grisâtre dans laquelle il s’est enroulé comme un saucisson ne lui couvre même pas tout le corps. Quand la neige glaciale le réveille, il a froid, il a très froid. Ses mains et ses jambes sont rouges. Il a faim aussi. Enormément faim. Quelques temps plus tard, il se décide à demander de l’argent. Dans une poubelle voisine, il récupère un vieux gobelet. Avec un bout de carton, il se fait une pancarte :

Il s’installe devant un grand magasin de vêtements. Un magasin de riches. Les hommes qui passent sont élégants, les chaussures bien cirées, le pantalon bien repassé, les poches bien pleines et le visage radieux. Les femmes sont bien habillées, les tenues soignées, les mains manucurées portent des bagues en diamants, des bijoux en or luisent aux cous et aux poignets. Deux filles viennent de s’acheter chacune un gros manteau et un chapeau. Elles sont contentes parce que c’est à la dernière mode. Ceux du mois dernier étaient vraiment trop ringards. Elles voient Julien et sa pancarte. Elles détestent les pauvres. Elles se moquent de lui, se dandinant pour lui faire comprendre qu’il est sale et mal habillé. Personne ne lui donne d’argent. Les riches passent sans le regarder, ils l’ignorent complètement. Les jours suivants, il revient mendier. Il n’a pas trouvé beaucoup de restes dans les poubelles. Les riches clients semblent agacés par sa présence. Même si certains lui donnent une pièce, ils lui jettent plutôt à la figure. Un soir, alors qu’il rêve d’un bon repas, confortablement assis dans un fauteuil de luxe, habillé richement, il se réveille en sursaut … et regarde la réalité : son ventre gargouille, son pantalon est tout troué, son pull déchiré, la semelle de ses chaussures se décolle. Dans son visage creusé, pâle et morose, ses yeux déprimés, baignés de larmes, semblent dire « mais pourquoi, pourquoi ai-je fait cette partie de poker ? ». Au moment de la fermeture du magasin, un groupe de jeunes, arrogants, richement vêtus de pantalons de cuir avec vestes assorties, renverse son gobelet d’un coup de pied et lui vole sa pancarte. Ils rigolent, ils sont contents de leur blague et repartent avec le sourire puis disparaissent au coin de la rue. Julien crie de toutes ses forces : « Au voleur ! » mais personne ne réagit. Alors que Julien ramasse entre les mégots et autres déchets les quelques rares pièces qu’il avait récoltées, la responsable du magasin se précipite vers lui. Mais ce n’est pas pour l’aider : elle lui dit qu’il n’a rien à faire là, que c’est interdit de faire la manche, que ça donne une mauvaise idée du magasin, qu’elle va aller se plaindre à la police, au maire, … Julien s’en va malheureux, de plus en plus déçu par les autres, mais il ne veut pas d’ennuis avec la police. Il s’approche d’une immense et magnifique voiture en stationnement pour demander de l’argent. Mais le conducteur remonte vite les fenêtres car il a vu Julien arriver.
On se moque de lui, on l’ignore, on l’agresse, on le rejette, on lui ferme la fenêtre au nez, Julien est désespéré.