Impossible de dormir…

Il est trois heures du matin et j’entends les aiguilles du gros réveil de mamie qui avancent inlassablement à côté de moi.

 

Je me replonge dans le livre…

10 février 1944….

Incroyable !!!

Hier, c’était mon anniversaire : j’ai trouvé un vieux vélo emballé dans la cuisine.

Rouillé certes, mais magnifique !!!

Magnifique dans le sens où je vais pouvoir m’en servir pour mes virées dans le maquis.

Une jeune femme  sur un vélo, cela éveille peu l’attention.

Je pourrai faire davantage de kilomètres …

Je dois rester discrète pour être efficace.

Parfois, je sens une drôle de sensation, une sorte de crampe qui me saisit le ventre : est-ce cela la peur ?

C’est très difficile en fait de ne pas pouvoir parler de tout cela avec quelqu’un.

 

Un jeune homme, Benjamin me fait gentiment la cour. Il me plaît certes beaucoup mais j’ai si peu de temps à lui consacrer ! On verra s’il pense toujours à moi après la guerre !

 

Heureusement que j’ai ce livre auquel je peux confier touts mes secrets ;

 Je dois me méfier de chacun, même de mes amis.

 

Ces quelques lignes parcourues m’invitent au sommeil. Cette fois ci, je cache le journal et éteins la lampe. Il est trois heures vingt.

 

- Gaël, réveille-toi !

 

Je sens une douce caresse sur mon visage : mamie me réveille car il va être temps d’aller  retrouver Barbara.

Neuf heures 30 ! J’ai bien dormi…

 

 

Je sens la douce odeur du chocolat chaud qui monte de l’escalier.

Je m’habille rapidement et descends à la cuisine.

En avalant mon petit déjeuner, mille questions me viennent à l’esprit ! :

-dois-je tout raconter à Barbara ?

-comment va-t-elle réagir ?

- et si elle était au courant de tout cela ? Cela voudrait dire qu’elle aussi m’a caché un terrible secret … Ne suis-je pas en âge, à dix ans, de comprendre tout cela ? Nous avons lu des extraits du Journal d’Anne Franck à l’école cette année !!! Grand-mère aurait pu aussi se confier à moi !!!!

 

Je me sens très triste tout à coup…

 

Mamie m’observe… Peut-être me trouve-t-elle bizarre. Je dois avouer que je ne suis guère bavard ce matin….