L’île mystérieuse

Le camping-car s’est arrêté à la tombée de la nuit sur un beau terrain. C’est juste à côté de la Loire, il n’y a pas trop de monde et les sanitaires sont à 100 mètres.

Cela fait maintenant une semaine qu’ils sont en Touraine : Thomas, 13 ans, le fils unique du couple Van Mecksen s’ennuie depuis le début. Il y a d’abord eu le long voyage en camping-car depuis l’Est de la Belgique et puis tous les jours des visites de châteaux, de musées et autres vieilles caves aux pierres sales et froides.

« Tu parles de vacances ! J’en ai marre ! » répétait-il souvent dans sa tête.

Demain matin, après Chenonceaux, Chambord et Amboise, Thomas et ses parents iront faire une descente de Loire en canoë. Thomas est content de ne pas passer une nouvelle journée enfermé et de respirer l’air du dehors. Il est très excité et impatient de se retrouver sur l’eau.

Le soir, pendant le repas autour du barbecue, Thomas se fâche avec ses parents. Ils veulent prendre un grand canoë de trois places alors que Thomas en veut un petit pour lui seul. Son père refuse parce qu’il pense que c’est trop dangereux. Il dit que Thomas n’est pas assez autonome pour se débrouiller seul.

Dans sa maison, chez lui, il serait allé dans sa chambre pour pleurer mais là au camping, que faire ? Se rouler dans son duvet ? Thomas décide de faire un tour dans le camping pour se calmer.

Au fil de ses pas, il se retrouve devant le bureau de location des canoës. Il commence par regarder les différentes embarcations avec envie. Ils sont empilés et cadenassés pour ne pas qu’on les vole mais il en découvre un par terre dans un coin. C’est un vacancier qui l’a rapporté en retard et l’a laissé avec tout le matériel. Il s’installe dedans et fait semblant de ramer avec une pagaie. Il regarde l’eau de la Loire éclairée par la lune.

Thomas a très envie d’essayer pour de vrai. Il pose la pagaie sur l’herbe. Il entend le bruit de l’eau qui clapote. Il a un peu peur. Il compte jusqu’à trois et se jette dans le canoë pour lui donner de l’élan. L’eau l’emporte et le fait tourner doucement. Il a oublié la pagaie sur la berge...

Soudain le courant se fait de plus en plus fort, l’eau tourbillonne et emporte Thomas très vite, vers une grande île au milieu de la Loire. Il débarque sur cette île, enlève son gilet de sauvetage, ses lunettes à cause de la buée et ses chaussures mouillées.

Le canoë est mal accroché, il est emporté par le courant...Thomas se retrouve seul, apeuré et frigorifié sur une île au milieu de la Loire....